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Expérience sensorielle

Natali

La Célébration de Noël est ce moment de l’année où flotte au-dessus de nos têtes des effluves de joie et de partage, même les plus bougons retrouvent un éclair de bonne humeur ! Caractérisé aujourd’hui par un gros bonhomme rouge que certains diront un peu trop commercial, Noël est avant tout la célébration de la Nativité… Et si l’on remonte plus loin encore, ses origines plongent ses racines dans la Célébration de la Nature !

Une éternité de traditions et de partage

La Célébration du Solstice d’hiver

Bien avant que Noël ne devienne une fête chrétienne, le solstice d’hiver, marquant la nuit la plus longue de l’année, occupait une place centrale dans les sociétés antiques. 

Cet événement astronomique, survenant autour du 21 décembre dans l’hémisphère Nord, symbolisait le retour progressif de la lumière, un renouveau de la nature et un espoir pour l’avenir.

Dans la Rome antique, la fête des Saturnales, dédiée à Saturne, dieu de l’agriculture et de la fertilité, était célébrée durant la semaine du Solstice d’hiver. Pendant cette période, la hiérarchie sociale était temporairement oubliée : esclaves et maîtres partageaient des repas, les rôles sociaux s’inversaient, et un esprit de liberté imprégnait les festivités.

Les Saturnales étaient marquées par des banquets somptueux, des décorations dans les maisons, et des échanges de présents, notamment des statuettes en terre cuite ou des bougies symbolisant la lumière. Ces festivités se clôturaient par la fête des Sigillaires, où les enfants recevaient des petits cadeaux comme des figurines en terre cuite. 

Les Saturnales ou l’Hiver d’Antoine Callet (1783)

A cela, l’Empereur romain Aurélien fera de la date officielle du solstice d’hiver un jour de fête célébrant « la naissance du Soleil Invaincu », « dies natalis Solis Invicti ». Ainsi, au IIIème siècle, sera consacré à Rome un nouveau dieu, Sol Invictus, inspiré du culte perse de Mithra, dieu de la lumière, dédiant le 25 décembre à la naissance de la lumière divine…

Chez les peuples germaniques et scandinaves, le Yule marquait également le solstice d’hiver et célébrait le cycle de la vie et de la mort. Cette fête, dédiée au dieu Odin entre autres divinités, était l’occasion d’allumer un grand bûcher pour symboliser le retour de la lumière solaire. Le feu devait perdurer le temps des festivités.

Les festins des villages, la décoration des habitations avec du houx et du lierre, et l’abattage de la « bûche de Yule », un tronc d’arbre destiné à brûler pendant plusieurs jours dans l’âtre, étaient des éléments forts de ces célébrations. 

Lorsque le christianisme s’est imposé, de nombreuses traditions païennes ont été empruntées pour faciliter l’adoption de la nouvelle religion. Ainsi la naissance de Jésus coïncide avec des fêtes polythéistes, comme les Saturnales et la célébration de Sol Invictus, symbolisant à son tour la naissance de la lumière. 

La croyance et ses rites, chrétiens ou païens, ont continué leur chemin à travers le temps et, sans surprise, se sont retrouvés au cœur de nos traditions, même insulaires… 

Saint Nicolas aux portes de Natali 

« Petit Papa Noël quand tu descendras du ciel avec des jouets par milliers… » est un air qui chantonne, chaque année, dans la tête de chacun, de 0 à 122 ans ; message universel par joie qu’il répand, comme un sentiment que Babbu Natali a toujours été là, offrant à chacun un moment de baume au cœur… 

Les prémices de ce personnage remonterait à l’histoire d’un saint du IIIᵉ-IVᵉ siècle : l’évêque Nicolas de Myre en Asie Mineure. Sa générosité envers les plus démunis et les enfants est diffusée au Moyen Age autant en Orient qu’en Occident. Parmi les légendes, l’une raconte comment il sauva trois jeunes sœurs trop pauvres pour se marier en glissant par le conduit de leur cheminée trois bourses remplies d’or, faisant offices de dot. 

Une autre raconte la mésaventure de trois enfants venus toquer à la porte d’un boucher aubergiste pour demander le gite et découpés par ce dernier pour être jetés au saloir comme viande… Sept ans plus, sur son âne, St Nicolas se présenta à l’auberge. Après avoir refusé toutes les viandes que le boucher lui proposait, il désigna le saloir. Comprenant que son méfait était découvert, le boucher prit la fuite. Le saint homme ressuscita les enfants qui crurent se réveiller d’un long sommeil. 

St Nicolas deviendra alors le protecteur des enfants, se déplaçant à dos d’âne, de maison en maison, pour distribuer des friandises aux sages bambins dans la nuit du 5 décembre.  Dans son ombre, le père fouettard, probablement l’aubergiste criminel, réprimande les enfants désobéissants… 

Cette légende trouvera son emprise dans le nord de l’Europe avant d’être exportée au XIXème siècle aux Etats-Unis. 

Le théologien et poète Clément Clarke Moore s’en serait alors inspiré pour écrire le poème « A Visit from St Nicholas » afin de distraire ses enfants le soir de Noël. Il y décrit un Saint Nicolas, rondelet et joufflu habillé de fourrure, se déplaçant de cheminée en cheminée sur un traineau tiré par huit rennes pour distribuer des cadeaux dans la nuit du 24 décembre. Ce conte finira par être publié dans la presse, dès 1923, sous le titre de « Twas the night before Christmas », accompagné d’illustrations représentant Santa Claus vêtu de rouge et de fourrure blanche : le mythe du Père Noël était né. 

En 1930, Coca-Cola s’appropriera le personnage, lui conférant la dimension internationale que nous lui connaissons, notamment dans l’Europe d’après-guerre, heureuse d’adopter les usages de ses libérateurs.

Le chanteur ajaccien, Tino Rossi, en 1946 » popularisera et réinterprétera la chanson « Petit Papa Noël », écrite initialement en 1944 sous la forme d’une prière d’un enfant demandant au Père Noël de ramener son papa prisonnier de guerre en Allemagne.

Quelques années plus tard, au début des années 1950, Babbu Natali s’inscrira, à son tour, dans les coutumes de la Corse, au côté des rites séculaires.

Natali au cœur du foyer

Les Corses appartiennent à ces peuples où le « au-delà du naturel » imprègne profondément le quotidien. Ainsi, cette terre agro-pastorale est marquée des rituels sacrés ancestraux auxquels est venue se greffer la foi chrétienne.  

Si nous parlons du pouvoir du « regard néfaste », cette croyance est avérée depuis l’Antiquité, voire le Paléolithique avec la Mésopotamie d’il y a 5000 ans. En Corse, nous parlons de l’Ochju, le mauvais œil qui, s’il est sur nous, n’amène que déconvenues et malheurs. Seule une signadora, peut l’enlever… Comme un pouvoir qui ramène à la lumière, en écho au solstice d’hiver, le rituel de l’ochju ne peut être transmis que dans la nuit de Noël après minuit.  

Autre tradition : le focu di Natali, un grand bûcher collectif allumé devant les églises des paesi et pasciali, lors de la veillée de Noël. A l’image des célébrations du Yule nordique, marquant le retour de la lumière, le monde des vivants est rejoint par celui des morts le temps d’une veillée, sous le signe de la Nativité. 

Toutes les familles sont présentes à la messe de Minuit, habillés de leurs plus beaux habits du dimanche. Les enfants ont l’obligation de mettre leur unique paire de chaussures, les scarpe stachitardi, avec des semelles à clous assurant robustesse dans le temps. 

A la sortie de l’église, les pères de famille tirent quelques coups de fusils, puis rapporte chez eux une braise du bûcher pour allumer, à leur tour, le rochju dans leurs cheminées. 

A la maison, on met dans le feu autant de bûches qu’il y a de personnes autour de la table garantissant leur protection. La bûche principale doit être massive car le feu doit durer 8 jours, c’est-dire jusqu’au premier jour de la nouvelle année. Sinon le malheur s’abattra sur la maison. 

Pendant ce temps, les femmes s’activent en cuisine. Minà s’attèle à la riviaoù les boyaux ont nécessité une demi-journée de nettoyage. La brochette d’abats d’agneau entourée de crépine et ficelé d’intestin grêle ne demande qu’à ruisseler sur le feu de bois. Tellement bonne quand on la déguste tout juste sortie du feu… Charcuterie, figateddu, fruits, frappes et petits Jésus en sucre viennent compléter le festin. Au moment du couvert, la mère de famille dit « metti un piattu in piu », l’assiette de celui qui n’est pas prévu, de celui qui est dans le besoin a sa place… Il est déjà une heure du matin quand on met les pieds sous la table…

Jusqu’aux années 1950’, le jour de Noël, les parents offre une belle orange à leurs enfants, symbole de la lumière et de douceur en ces temps marqués par la pauvreté. Le déjeuner met à l’honneur l’agneau. En dessert, les petites friandises sont toujours là mais, pour les plus chanceux, les années 1950 marque l’arrivée de la natalecciu, la bûche de Noël, ce roulé de Savoie garni de crème pâtissière ou de confiture, recouvert de fondant au sucre avec des zig zag de chocolat créant l’illusion de l’écorce… 

C’est aussi à cette période que Babbu Natali fait son apparition en Corse et, de la traditionnelle orange offerte aux enfants, nous passons aux premiers vélos, voitures à pédales ou poupées de chiffon. La dimension du cadeau a changé, mais nos traditions insulaires sont toujours là pour la plupart, car hier comme aujourd’hui l’essence même de Natali se trouve toujours au cœur du foyer : le partage et la famille… 

On aime

La magie des traditions : Qu’elles soient ancestrales ou modernes, les coutumes de Noël, comme le focu di Natali en Corse ou les chants sous le sapin, nous rassemblent et perpétuent un lien avec nos racines.

Le plaisir de partager : Que ce soit autour d’un festin en famille ou en tendant une main à ceux dans le besoin, Noël est le moment idéal pour célébrer la générosité et la solidarité.

La joie des enfants : Des cadeaux sous le sapin aux friandises pour les enfants, l’excitation de découvrir ce que Babbu Natali ou le Père Noël a apporté reste un moment magique pour petits et grands.

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Juliette
Restauratrice

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