CALARENA
POrtrait des soeurs piergigli
Lorsque l’on évoque la Maison Calarena (de cala, crique et rena, sable), l’image de la femme insouciante et glamour, le titillement de l’odeur iodé, le bruit langoureux des vagues et la sensation du sable chaud viennent éveiller nos cinq sens.
Il est des créateurs qui laissent une empreinte indélébile, et la marque porto-vecchiaise fait partie de cette mouvance…
Derrière cette maison, deux sœurs unies par une même vision : celle de la femme méditerranéenne libre et forte dans toute son élégance !
La crainte de perdre ce que l'on a nous empêche d'atteindre ce que l'on est.
Saint Augustin
DATES CLÉS
1949
Anna Piergigli pose ses bagages à Portivechju
2016
1ère boutique Calarena à Portivechju
Mars 2024
1ère boutique franchisée à St Tropez
2024
Les créations de Marie-Luce et Sandrine soufflent leurs 20 bougies
Une histoire de famille
Pour ceux qui connaissent la famille Piergigli, le succès de Marie-Luce et Sandrine n’est guère surprenant. Dès leur berceau, ces deux sœurs évoluent dans un milieu où esthétisme et esprit entrepreneurial dominent. Leur père, Raphael Piergigli, et leurs oncles ont édifié des entreprises de bâtiment solides, tandis que les femmes ont transmis style et savoir-faire.
Leur grand-mère Anna, arrivée d’Italie en 1949 avec sa famille et son amour de la cuisine, ouvre son propre restaurant aux saveurs gourmandes et créatives et régale le tout Portivechju. Leur maman Angèle Guidicelli reçoit, dans son salon de coiffure, les Porto-Vecchiaises en quête d’élégance. Les tantes et cousines Piergigli tissent, à la suite d’Anna, une toile familiale autour de l’esthétisme, avec la Table comme point de convergence. Ainsi, restauration, couture, antiquités, peinture et sculpture définissent les femmes de cette lignée.
De cette grande famille unie, trois piliers essentiels sont enracinés au sein de chacun d’entre eux : travail, honnêteté et créativité. Imprégnées de ces valeurs et poussées par leurs parents, Marie-Luce et Sandrine partent faire leurs études à Paris. L’ainée des sœurs s’oriente vers une école de commerce durant 5 ans, fait ses classes chez Hermès et l’Oréal, pour grandir dans l’entreprise Sisley du clan Ornano. L’esprit de famille qu’elle trouve chez Sisley n’est pas sans rappeler ses propres racines et, après cinq années passées à leurs côtés, Marie-Luce revient chez elle en 2004 et fait de la cité du Sel le cœur de ses créations de mode. Comme elle aime le souligner, sous les mots de Napoléon : « La Corse, on ne la quitte pas, on s’absente ».
Sandrine suit un chemin similaire, intégrant l’université du Panthéon Paris II jusqu’à sa maitrise science de gestion, puis se tourne vers Milan, la capitale italienne de la mode, pour entrer à l’Istituto Marangoni, école de renom de Mode, d’Art et de Design.
Diplôme en poche, Sandrine revient à Paris, côtoie la Haute-Couture avec le styliste français Vincent Dupontreué et fait ses armes avec le maroquinier François Rénier, créateur « des sacs au service de la femme » : Un Jour Un Sac.
Mais l’amour et la conviction de sa grande sœur sont virales. En 2005, Sandrine rentre à son tour et rejoint Marie-Luce dans son aventure.
Le duo féminin, fort de ses certitudes, va édifier une maison familiale autour de leur ambition.
L’Excellence du savoir-faire
Si leur premier regard se porte sur la montagne corse, à travers une collection de pulls en cachemire, l’inspiration se tourne très rapidement vers la Dolce Vita, les embruns marins et la femme libérée. La collection se veut désormais balnéaire et lifestyle avec, en tête d’affiche, les maillots de bain.
Naturellement, les deux femmes se dirigent vers la terre de leurs ancêtres où excelle le savoir-faire dans la confection des matières : l’Italie. Dans le Piémont, elles découvrent une petite entreprise familiale de huit salariés, spécialisée dans la technique du « double peau » et en activité depuis les années 1970. Dirigée par Chiara et sa fille Samuella, cette usine de confection située au rez-de-chaussée de la maison familiale leur rappelle leur propre histoire : cette rencontre sonne comme une évidence. A l’heure de la concurrence de pays à moindre coût et de l’extinction des petites manufactures artisanales, l’atelier italien intègre l’histoire Calarena de manière exclusive.
C’est aussi la rencontre avec la styliste Julie Cesari, créatrice insulaire des carrés de soie haut en couleur et en féminité Oia Creazione. Sa collaboration va apporter un autre regard sur les collections Calarena.
Rapidement, va naître la volonté de créations parallèles. Le choix des collaborations va se porter sur des ateliers à dimension familiale, emprunts d’une histoire et d’un savoir-faire local. Sandrine se tourne vers son ancien allié François Rénier pour une collection de sacs dédiée à la femme en vacances et sans contrainte. Le corps de la femme se veut aussi être magnifié par des flagrances identitaires à travers L’huile du soleil pensée par Nucca, marque 100% nature du Grand Hôtel de Cala Rossa. Dans ce même esprit d’art de vie à la méditerranéenne, une collaboration nait avec Isula, artisans parfumeurs, pour créer des effluves Calarena pour la maison. Les artisans potiers, James et Andrea de l’Atelier Notre terre, rejoignent l’aventure et façonnent des céramiques pour les futures bougies faites mains d’Isula.
On l’a compris, la maison Calarena se veut être une grande famille de rencontres, de partage et de transmission d’un savoir-faire local, reflétant leur engagement envers la qualité et l’authenticité.
La Création des matières
Lorsque l’aventure Calarena démarre en 2004, il n’existe pas de créateurs de maillots de bain en Corse, et même le continent n’en est pas véritablement pourvu. Il s’agit d’une niche, mais la concurrence est là : les maisons de couture ou de lingerie, les enseignes de grandes distributions ou sportives…
Pour se démarquer, la création est essentielle. Il s’agit d’un véritable travail de recherche et de développement : la matière, le détail, le tissu, la couleur, les accessoires, etc… tout est imaginé et façonné avec l’esprit et les mains. Les basiques microfibre et le polyamide restent fondamentaux, mais de nouvelles textures viennent apporter l’originalité comme le lurex et le glossy donnant un ton sur ton irisé… L’accessoirisation des maillots, comme la chaîne, est endémique à la marque et se renouvelle chaque année : sous forme de grosse créole que portaient les femmes dans les années 1990 ou encore une succession de maillons ton sur ton en dégradés de couleurs et nervurés, inspirés des grosses chaînes de nos grand-mères. L’année prochaine, elle sera plutôt d’inspiration art déco.
De la même manière, pour les collections beachwear : la soie, le lurex et l’éponge se déclinent sous différentes variantes ; les imprimés sont créés spécifiquement pour Calarena. Ce travail d’exigence est laissé à la maison italienne Ratti, renommée pour son style raffiné et ses tissus précieux.
Créer une collection nécessite du temps : du premier coup de crayon automnal, en passant par le premier prototype, les salons, les shootings au lancement de collection, il s’est passé neuf mois.
Chaque année, c’est une collection intergénérationnelle et pour toutes les courbes qui voit le jour. Car c’est avant tout et exclusivement à la Femme que sont dédiées les créations de Calarena.
L’Ode à la femme
Les collections de la maison Calarena sont pensées par et pour les femmes, célébrant la femme méditerranéenne bienveillante, élégante au naturel et tellement libre…
Le monde de Calarena va bien au-delà de la création de vêtements, incarnant une véritable conception de vie : le choix des mannequins professionnels doit être en reflet de la marque. De la même manière, pour les campagnes publicitaires, un décor est imaginé, une histoire est racontée… Le fil conducteur de Calarena est toujours là. Il se métamorphose chaque année en fonction de l’inspiration de la collection, un décor est conçu avec un véritable scénario et, à chaque fois, la maison d’architecte, comme un écrin, vient révéler toute la féminité des modèles faisant d’elles des muses : en 2023, la Dolce Vita et les années 1970 ont posé le décor à Cavallo avec la maison d’architecte Savin Couëlle qui est pensée en harmonie avec la nature et, qui par la rondeur de ses formes, n’est pas sans rappeler les courbes féminines… En 2024, l’histoire se déroule à Cala Rossa dans les deux plus vieilles maisons d’architecte sous le thème « Plein Soleil » en référence à Alain Delon, symbole de l’élégance sauvage… L’année prochaine, le décor sera planté en Sardaigne, sur la Costa Paradiso, symbolisant l’alliance méditerranéenne entre les deux îles sœurs et leur culture commune. Mais aussi un clin d’œil aux propres origines corso-italienne de Marie-Luce et de Sandrine. La maison d’architecte sera celle d’Alberto Ponis dont la philosophie était de concevoir des maisons de vacances dessinées au grès du vallonnement de la nature.
La féminité ne doit pas rencontrer d’obstacle : des modèles sont pensés pour recevoir les prothèses des femmes touchées par le cancer du sein, soulignant l’engagement de la marque envers toutes les formes de féminité.
Lorsque Marie-Luce et Sandrine se retournent sur leur parcours, elles comparent leur entreprise à un enfant qu’elles ont élevé avec des hauts et des bas, mais la fierté est là : fières de voir leurs collections portées, fières de voir comment la marque est reconnue et cela, au-delà des frontières.
Aujourd’hui Calarena est distribuée partout, des hôtels de luxe au niveau local comme Cala Rossa, Murtoli, Casa Paradisu ou le Domaine Lagnonu, au national comme la Co(o)rniche près de la dune du Pyla ou Le Mybourne Riviera de Monaco, et même international comme le Four Seasons de Genève ou le Six Senses de Yao Noi. Un corner au Bon Marché est pérenne et a triplé de volume en trois ans et, cette année, Calarena a inauguré sa première boutique franchisée à St Tropez, symbole méditerranéen de la Dolce Vita !
Ce tourbillon aurait pu emporter les deux sœurs vers une dimension plus grande mais, même si cela peut être un frein à une expansion de la marque, la volonté est de rester à leur échelle, avec un atelier au rez-de chaussée de la maison de famille et un showroom au-dessus de la boutique de Portivechju : cette dimension est familiale, c’est ce qui les porte depuis les débuts…