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Jean Francois
Perrone

Une figure

Il est des figures sur lesquelles on se retourne dans la rue, des figures qui ne laissent pas indifférent, on dit qu’ils ont une « gueule » et, c’est parce que Jean-François Perrone a une gueule que son parcours de vie a pris un chemin artistique et donné une nouvelle dimension à la compagnie I Chjachjaroni.

Tout ce qui est sur une scène doit faire rêver...

Dates clées

1990

La rencontre avec Mireille Baudon

1997

La direction de la compagnie d'I Chjachjaron

2001

La naissance du Festival du Rêve Scen'è Sonniu

14 janvier 2017

La première à Paris de la pièce de théâtre "Le Clan". La pièce se jouera 6 mois sur scène avec près de 200 représentations en France et en Suisse

Le Réveil d’un fainéant de la vie

Rien ne prédestinait ce bébé d’immigrés calabrais, né dans un appartement de la rue Abbatucci, dans le vieux Portivechju, à une carrière de comédien et, encore moins, à une vocation de directeur d’une compagnie théâtrale… Jusqu’aux prémices de sa vie d’adulte, Jean-François est une personne qui se laisse porter par la vie, sa facilité avec les chiffres fait qu’il donne des cours de math aux autres élèves de son âge. Son intelligence lui permet sa nonchalance.

C’est une rencontre impromptue, en 1990, qui va le bousculer.

Mireille Baudon, professeur de sport, tout fraichement mutée à Portivechju, et directrice de la compagnie de théâtre I Chjachjaroni, déjà installée à l’ancienne usine à liège, croise son chemin. Aucun doute pour elle, ce jeune homme a une gueule et il doit rejoindre sa troupe ! Si les premières réticences sont visibles, Jean-François finit par céder à son ami Christian Ruspini, alors lui-même élève des Chjachjaroni.

En juin 1990, Jean-François fait son premier essai et commence à écrire sa nouvelle destinée. Tout s’enchaîne, d’abord élève et assistant, puis professeur de théâtre, il deviendra directeur artistique. En 1993, il devient comédien professionnel faisant de lui le premier artiste intermittent de Corse. C’est avec la disparition de Mireille Baudon en 1997 que Jean-François reprendra les rênes de la compagnie.

Et puis, il y a la rencontre avec la caméra, dès 1992, Jean-François fait ses débuts cinématographiques avec des courts-métrages sous l’égide de Dumé Maestratti et Elie Cristiani. Puis la carrière qu’on lui connait sans tous les citer, mais comment ne pas parler de son premier film à l’échelle nationale « L’Enquête corse » en 2001, des saisons 2, 3 et 4 de « Mafiosa », et plus récemment de l’adaptation théâtrale du « Clan » en 2022 et « Inestimable » en 2023. S’il devait choisir un moment clef, cela serait le tournage du court-métrage « Il était une fois dans l’Ouest de la Corse » qui a été un véritable moment de rencontre entre les différents artistes corses.

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Le Théâtre, une transmission de cœur

A ses débuts, la compagnie de théâtre I Chjachjaroni abrite une vingtaine d’élèves composée d’adolescents et d’adultes qui offre aux Porto-Vecchiais son spectacle de clôture. Dès 1991, la compagnie propose un atelier supplémentaire pour les enfants. Aujourd’hui, la troupe peut se réjouir d’avoir vu 5000 élèves franchir la porte de l’ancienne usine et compte parmi eux 300 intermittents du spectacle exerçant dans les différents métiers artistiques : comédiens, maquilleurs, techniciens, cameramans, etc…

La compagnie est force de proposition : les ateliers de théâtre pour tous les âges tout au long de l’année, les stages d’acteurs « face à la caméra », les Journées théâtrales du mois de juin, des représentations des mois de juillet et août « Un Eté au théâtre » et le dernier né « U Concertinu » où la scène est ouverte aux artistes de la région entre septembre et octobre.

De la même manière, les élèves d’hier sont devenus les professeurs de la troupe d’aujourd’hui et quelques-uns de leurs élèves ne vont pas tarder à devenir eux-aussi des transmetteurs de cet art. Car oui, la transmission est totale et va bien au-delà des murs de granit de l’usine.

Avec un compagnon de troupe de l’époque, Philippe Guerrini, ils s’engagent dans le théâtre rural en 1993 et monte deux fois par semaine à Migliacciaru donner des cours de théâtre dans la salle Cardiccia. De là, naitra la compagnie théâtrale du Fium’Orbu I Stroncheghjetta ! Ce même partage se retrouvera avec Marie-Elise Luiggi, enfant de la salle Cardiccia, qui initiera la troupe de Théâtre I Luminelli et le futur festival « Strett’in Arte » à Algajola …

Le mot d’ordre de Jean-François étant de désacraliser le théâtre. Jusqu’aux années 2000, la notion de « théâtre » était réservée à une élite ! Or pour lui, « l’élite ne fait pas le théâtre, elle en parle, elle écrit dessus, mais c’est le peuple, le populaire qui en fait dans la vie de tous les jours… » et fier de préciser que lui « ne lit pas de livre… » 😊

Et quelle meilleure dédicace au peuple que lui apporter le théâtre aux pieds des maisons…

Scen’è sonniu, un festival porteur de rêve

C’était le rêve de Mireille Baudon d’offrir aux gens un festival de spectacles de rue. I Chjachjaroni ont pu concrétiser ce projet en 2001. Lorsqu’il a fallu choisir le nom du festival, Jean-François Perrone est resté sur sa ligne de conduite : « Tout ce qui est sur une scène doit faire rêver » ! d’où Scen’è sonniu…

Pour lui, la scène est un endroit de rêves et non de règlement de compte. Le théâtre est là pour transmettre un message universel, pour mettre en évidence les notions de bien et de mal, « le théâtre fait constater la réalité », mais après le choix de son chemin appartient à chacun…

Et c’est ce qui ressort dans Scen’è sonniu : c’est la création de beaux souvenirs où flotte la magie du festival. Tous les thèmes sont abordés, mais toujours à travers le rêve et jamais à travers le jugement.

Le festival est, chaque année, renouvelé. 60 à 80% des spectacles sont assurés par des troupes nouvelles et le reste constitut le socle d’anciens qui insuffle une certaine stabilité à cet évènement. Scen’è sonniu se veut ouvert à l’ensemble de la population et les premiers spectacles sont accessibles dès l’âge de 6 mois. De la même manière, les deux premiers jours sont consacrés aux écoles : tous les enfants de Maternelles et du Primaire ont leurs spectacles !

Au-delà du message et de la magie, il faut aussi préciser que ce festival est porté par l’ensemble des collaborateurs qu’ils soient salariés ou bénévoles : on parle des professeurs, mais aussi ceux en charge de la gestion administrative, de la gestion technique ou encore humaine…

Ayant maintenant cerné ce personnage de Jean-François Perrone, on ne peut que se douter que 2024 réserve encore de nouvelles surprises…

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